• La vie rêvée des vers, je les vois, et j'y songe,

    Je songe à leur joliesse, à leur air sympathique,

    Ainsi qu'à leur souplesse, à leur erre tellurique...

    Leur vie va s'avançant de la terre qu'ils rongent.

     

    Saisissant la matière, ils sont tels des éponges,

    Ils l'ingèrent allant, tels des héros mythiques

    En quête de destin, ces longs et lents lombrics...

    S'ils savent se faire courts, il se peut qu'ils s'allongent.

     

    Facteurs d'aération, dans le monde chtonien,

    Ils allègent les sols, font de leurs maux des biens,

    Mais ils sont ignorés, d'essence souterraine.

     

    Il arrive parfois, coupe ingrate et fatale,

    Qu'un fer glacé les tranche, en deux parties égales,

    Comme un double hémistiche, allure souveraine.


  • Lorsque cesse l'averse et que vient l'éclaircie

    Que progressivement disparaissent les traces

    Sur l'asphalte laissées de mon âme s'efface

    Comme la terre ce qui l'avait rembrunie

     

    Avant que les gouttes n'évaporent leur lie

    J'observe la beauté de ces perles qui passent

    S'immobilisent et glissent de guerre lasse

    La pensée se colore de mélancolie

     

    Rien ne dure et tout fuit message de la pluie

    À l'homme murmurant Tout vient qui s'apprécie

    Quand ton cœur est morose alors ne désespère

     

    Chaque seconde et chaque goutte sont précieuses

    Ta vie est une chance elle n'est malheureuse

    C'est à toi de décider de son embellie

    Gouttes de sagesse


  • Comme le retour retentissant de la cloche

    Qui rythme régulière le retour des heures

    Indifférente insensible bonheur malheur

    Je sens par ce rappel doux que le terme approche

     

    Même heureux je me dis que quelque chose cloche

    En la sérénité vient tout à coup le heurt

    Trait de mélancolie dans le flou des couleurs

    Serais-je trop heureux Qui me fait ce reproche

     

    Le temps vient de la fin Nul ne peut l'ignorer

    Les morts du cimetière ont fini d'exister

    Ne furent-ils vivants Qu'en est-il de leur âme

     

    De leurs rudes tourments de leurs jolis moments

    Comment être amoureux dans le fatal néant

    La vie n'est-elle que l'inexorable drame


  • Pour être de mon royaume

    Pas de papier à remplir

    Venir avec le sourire

    Aimer presque tous les hommes

     

    Car mon royaume se nomme

    de nature et de poésie

    J'accepte les convertis

    Les erreurs passées je gomme

     

    Pas d'allégeance pour moi

    Soumission aux deux déesses

    Et pas besoin de promesses

    Tant bienheureuse est la loi

     

    Ce sera comme Thélème

    Beaucoup de simplicité

    Relative liberté

    On chante on cultive on aime

     

    Oubli du monde des fous

    Qui entraîne au précipice

    Tant sont répandus les vices

    Malheur toujours et partout

     

    Pas d'écrans dans mon royaume

    Des ailes et des pétales

    Pas d'argent d'or de métal

    Pas de vil ver dans la pomme

     


  • L'espace vespéral bruit de sourdes rumeurs

    La basse continue des bourdons qui bourdonnent

    Fond du tableau sonore où tout là-bas résonne

    Le coucou du coucou monotone chanteur

     

    Se détachent plus près des trilles comme rumeur

    D'invisibles oiseaux qui bavards s’époumonent

    Le tout va s'harmonisant sans qu'aucun chef ne donne

    Là le la la mesure ici jamais d'erreur

     

    Le soleil déclinant doucement donne aux ombres

    Toujours davantage leur expansion sombre

    Et le voilà voilé par les droits peupliers

     

    Mués à contre-jour en simples silhouettes

    Près de moi le ballet des mouches ne s'arrête

    Comme ma plume courant aux lignes du cahier





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