• Ode aux vers

    La vie rêvée des vers, je les vois, et j'y songe,

    Je songe à leur joliesse, à leur air sympathique,

    Ainsi qu'à leur souplesse, à leur erre tellurique...

    Leur vie va s'avançant de la terre qu'ils rongent.

     

    Saisissant la matière, ils sont tels des éponges,

    Ils l'ingèrent allant, tels des héros mythiques

    En quête de destin, ces longs et lents lombrics...

    S'ils savent se faire courts, il se peut qu'ils s'allongent.

     

    Facteurs d'aération, dans le monde chtonien,

    Ils allègent les sols, font de leurs maux des biens,

    Mais ils sont ignorés, d'essence souterraine.

     

    Il arrive parfois, coupe ingrate et fatale,

    Qu'un fer glacé les tranche, en deux parties égales,

    Comme un double hémistiche, allure souveraine.