C'est étrange, quand j'y pense...

Pourquoi faut-il y penser ?

Et si c'était insensé

De regarder en ce sens ?

Attitude de défense,

Pour éviter de pencher,

Pour éviter de flancher,

Ou de perdre la confiance.

Il fallait bien y passer,

Sans vouloir rien déplacer

Quand arrive l'échéance...

Le passé, c'est le passé !

Se dit-on jamais assez :

Chaque jour est une chance ?

Lapinette dit à Maman lapin,

Qu'il arrive de dénommer lapine.

De l'appeler ainsi je me retiens,

Évitant équivoque libertine.

Il faut que je retourne à mes moutons.

Mû vraiment d'une ardeur rabelaisienne,

J'ai pris telle quelle l'expression,

Je la remplace donc par une mienne :

Je retourne aux lapins convient mieux,

Compte tenu des héros de l'histoire.

Je reprends aux alentours du vers deux,

Sans la digression superfétatoire.

« Maman, c'est vrai que je suis une fille ? »

« Oui ma fille, lui répondit sa mère. »

« Mais pourtant je joue au ballon, aux billes,

Au foute avec mon père, avec mes frères ! »

« Et alors, lui rétorqua sa maman ?

Voudrais-tu par hasard changer de sexe ? »

« On le peut maman ? On le peut vraiment ? »

« Mais oui, tu seras garçon sans complexe. »

« Oh merci », dit gravement lapinette.

Un peu plus tard la voilà lapinet,

Finis les nœuds roses, finies les couettes,

Le changement fut total et complet.

Après une période d'euphorie,

Celle qui fut femelle maintenant mâle

Ressentit une mélancolie :

« Je sens quelque chose de pas normal... »

Elle regretta sa métamorphose,

Reprocha l'acceptation parentale,

Sombra en une profonde névrose,

Et fit quelques séjours à l'hôpital.

Un jour, alors qu'elle traînait sa tristesse,

Elle vit un chat curieusement botté

Préparer un piège plein de finesse

Destiné à des lapins délurés.

Elle vit là l'occasion d'en finir

En se glissant librement dans le sac :

Plus de tourments, ni plus de repentir,

Pas besoin de se jeter dans un lac :

« J'entre en gré dans le piège et dans le conte :

Le lapin pris de Perrault, c'était moi,

Je m'aimais mieux lapine en fin de compte."

Moralité : il faut s'assumer soi.

La colline ondule au soleil couchant

L'oblique rayon nettement dessine

Tout ce qu'il caresse et son jeu fascine

Les yeux à ce tableau doux et charmant

Se laisser porter tant est ravissant

Ce moment béni de l'humeur divine

Cette heure lumineuse qui raffine

Tout ce qu'elle touche artistiquement

Oublier le temps absorber l'instant

Le cours du soleil cependant décline

S'achève le jour M'attend la câline

M'invitant à l'autre délassement

Le temps perdu, c'est celui de moi sans toi,

Mon aimée qui donnes saveur à ma vie,

Ces moments où il n'est plus question d'envie,

Tu es là, je te vois, tu es avec moi...

Alors plus de comment, ni plus de pourquoi,

Juste toi, juste nous, l'évidence obvie,

Ces beaux instants à l'ordinaire ravis :

Notre amoureux lien devient l'unique loi.

C'est comme une douce chaleur dans le froid,

Après la pluie le retour de l 'éclaircie,

C'est comme après l'échec, on réussit,

La douceur rassurante au cœur de l'effroi.

Métaphores banales comme il se doit,

De ce que je sens sont échos assourdis :

Les mots à l'âme semblent désassortis,

C'est l'indicible quand s'enlacent nos doigts...

Ne regarde pas vers le prétendu prestige,

Ne gaspille donc pas vainement tes efforts,

Tu ne seras jamais le plus beau, le plus fort,

Fais plutôt ce que ton honneur intime exige ;

Ne cherche pas l'argent : ne sois pas homme-lige

De ce faux dieu pervers, déteste le confort ;

Tu trouveras, c'est sûr, de meilleurs réconforts :

Bien des faits anodins deviendront des prodiges.

Oriente vers le bien toute ton ambition,

Développe surtout le sens d'admiration :

Regarde les oiseaux, lis de la poésie...

Le monde est merveilleux si l'on se penche assez :

Des bourgeons éclatant, un sourire échangé...

Pour résister au mal, cultive l'harmonie.