• Pas d'immunité – Rechutes douloureuses,

    Pas d'efficacité des vaccins,

    Retours incessants de la fièvre amoureuse,

    Exaltation qui toujours revient.

     

    Le cœur qui bat comme des cloches furieuses,

    À toutes volées aux clairs matins,

    Mais succédant à ces secousses fiévreuses,

    Sonne monotone un glas sans fin.

     

    Au catafalque mon âme malheureuse,

    Victime de l'injuste destin,

    Le saint encens s'élève en volutes fumeuses

    Vers le ciel, quel est donc ce chemin ?

     

    Je chasse cette vision calamiteuse ,

    Je veux vivre encore même atteint :

    Viendra le jour sublime où ma muse heureuse

    Me saisira doucement la main.


  • Hélas, je le connais cet état d'agueusie :

    Plus rien n'a de saveur, vie sans aucune envie,

    Le cœur brouillé, les yeux mouillés, l'âme malade…

    Espérer nuit, cruelle la désescalade.

     

    Subir les conversations futiles des gens :

    Gilets jaunes, Benalla, leurs soucis d'argent,

    Feindre l'intérêt pendant que mon âme saigne,

    Dans ce monde où la bêtise hypocrite règne.

     

    Que faire de ces jours inutiles qui viennent ?

    Répondre « ça va » à tous ces « ça va », la peine

    Devant rester muette face à ces heureux,

    Sourire de circonstance entendant leurs vœux .

     

    Je dois faire obéir mon corps aux politesses,

    Pendant que ma pensée subira la détresse…

    Je crains de ne pouvoir l'épreuve supporter.

    Laissez-moi seul, rien ne peut me réconforter .


  • Insistante impression d'être surnuméraire,

    De ne compter pour pour aucun de mes congénères,

    Et pire encore pour moi qui ai tant d'amour,

    Pour aucune : chaque tentation est un four.

     

    Pourquoi fallut-il donc que la course à l'ovule

    Fût remportée par le mien spermatozoïde ?

    Quelle idée a-t-il eu de faire le bolide ?

    Dans le néant je me serais senti moins seul…

     

     

    Bon, soit, c'est tombé sur bibi la loterie,

    Le voilà fait con dès le début de bébé :

    Il a pris sa place en tas et puis je suis né,

    Pas vraiment prêt pour l'aventure de la vie.

     

    Le fabricant m'a doté d'un cœur trop sensible :

    J'apprécie la grâce de la féminité,

    J'aime d'un amour tout à fait irrépressible

    Celle que j'adore telle une déité.

     

    Regards, serments, promesses des amants épris,

    Espoir stérile issu de signes mal compris,

    Vient la chute, la dégringolade, patatras,

    L'abandon qu'on sait, mais l'on ne s'habitue pas.

     

    Être privé de muse pour le doux poète,

    C'est comme un feu préparé, mais sans allumette,

    Ou comme un gâteau au moka sans son moka,

    Ou comme un livre sans ses mots délicats.

     

    Perte pour elle : son amant l'aurait comblée,

    Perte pour lui : le zèle et les ailes coupés,

    Perte pour l'Amour lorsque se manquent deux âmes,

    Perte pour l'Art : il n'y a pas de feu sans flamme.


  • L'idée fut bonne quand on inventa Noël :

    On s'appuyait sur de judicieux symboles

    Issus de siècles de croyances pas si folles

    Liées aux rythmes saisonniers et naturels .

     

    Les Chrétiens eurent alors leur Emmanuel,

    Les Apôtres, les Évangélistes, Saint Paul,

    De nouvelles légendes, voire fariboles,

    Mais surtout un Message, et des Paroles belles.

     

    Mais rien n'étant parfait, l'Église a failli

    Quand elle oublia d'obéir au Saint-Esprit,

    Quand elle accepta le fatal capitalisme,

     

    Avec son goût de lucre et de domination,

    Le laid bonhomme rouge gagna les nations,

    Sacralisant l'universel matérialisme.


  • Mes maudites insomnies livrent mes pensées

    À de très charmantes idylles fantasmées.

    Ce sont délicieux moments d'irréalité

    Qui désennuient des stupides moutons comptés.

    Je m'imagine en sa magique compagnie,

    C'est là qu'elle m'aime ma magnifique amie.

    Tout est décidément trop beau dans mon cerveau

    Où je dessine d'indélébiles tableaux.

    Mais leur incrustation est tellement profonde

    Que j'en nourris quelque espoir vain pour le vrai monde,

    Et me prépare de tristes déconvenues

    Quand je me serai dépourvu de retenue.

    Poussé par mes encourageantes rêveries,

    J'aurai l'audace de ma songée féerie :

    Je lui dirai mon trouble en sa belle présence,

    Je lui dirai l'élan de mon cœur en vacance ;

    Je la vois comme un don céleste, une âme-sœur,

    La muse qui faisait défaut à mon bonheur,

    L'attente éperdue par elle récompensée,

    L'unique objet de mes amoureuses pensées…

     

    Mais il me faut descendre de l'espoir prétentieux

    Sur la terre après ce doux séjour dans les cieux.

    J'ai connu les douleurs de la désillusion

    Ne laissant après elle aucune guérison.

    Quelle est la plus grande peine ? Taire l'aveu…

    Et si je n'étais le seul des deux amoureux ?

    Ou lui dire les mots profonds, irrépressibles,

    Ceux que me dicte mon âme éprise et sensible ?

    Saurais-je vivre sans m'abîmer un refus :

    C'est la douleur à laquelle on ne s'habitue.

    Tel est le mien dilemme :

    Dire ou pas « Je t'aime. »





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