• Dis l'aime

    Mes maudites insomnies livrent mes pensées

    À de très charmantes idylles fantasmées.

    Ce sont délicieux moments d'irréalité

    Qui désennuient des stupides moutons comptés.

    Je m'imagine en sa magique compagnie,

    C'est là qu'elle m'aime ma magnifique amie.

    Tout est décidément trop beau dans mon cerveau

    Où je dessine d'indélébiles tableaux.

    Mais leur incrustation est tellement profonde

    Que j'en nourris quelque espoir vain pour le vrai monde,

    Et me prépare de tristes déconvenues

    Quand je me serai dépourvu de retenue.

    Poussé par mes encourageantes rêveries,

    J'aurai l'audace de ma songée féerie :

    Je lui dirai mon trouble en sa belle présence,

    Je lui dirai l'élan de mon cœur en vacance ;

    Je la vois comme un don céleste, une âme-sœur,

    La muse qui faisait défaut à mon bonheur,

    L'attente éperdue par elle récompensée,

    L'unique objet de mes amoureuses pensées…

     

    Mais il me faut descendre de l'espoir prétentieux

    Sur la terre après ce doux séjour dans les cieux.

    J'ai connu les douleurs de la désillusion

    Ne laissant après elle aucune guérison.

    Quelle est la plus grande peine ? Taire l'aveu…

    Et si je n'étais le seul des deux amoureux ?

    Ou lui dire les mots profonds, irrépressibles,

    Ceux que me dicte mon âme éprise et sensible ?

    Saurais-je vivre sans m'abîmer un refus :

    C'est la douleur à laquelle on ne s'habitue.

    Tel est le mien dilemme :

    Dire ou pas « Je t'aime. »