Ni les gros, les homos, les chefs, les cons, les femmes,

Ne peuvent désormais être satirisés :

Dire qu'on fait partie d'une minorité

 Donne raison sur tout, prévisible programme.

Ils seront impunis, ils peuvent être infâmes,

Injustes ou tyrans, comment les dénoncer

Sur leurs méfaits, leur incompétence avérée:

Tu dis la vérité, mais c'est pour toi le blâme.

Le système est rodé : dès que tu les dénonces,

Pour de bonnes raisons, tout de go leur réponse

Tient dans un seul suffixe, à tout faire, pratique,

Qu'ils ajoutent au mot soigneusement choisi

Pour les victimiser : il s'agit de « -phobie »...

Tu deviens l'accusé, l'on oublie la critique.

Le goût du bien parler, de la conversation,

De l'écoute polie, de l’argumentation,

S'effacent, semble-t-il : règne de l'arrogance,

De la bêtise crasse et de la suffisance,

Plus on est ignorant, plus sûr de soi l'on est ;

On écoute aujourd'hui le dernier des benêts

Plutôt que l'homme sage, ignoré médiatique,

Au motif qu'il ne bêle pas avec les hystériques,

Et quand on le mentionne, il faut qu'on s'en moque,

Sotte dérision dans cette sotte époque.

Qu'une voix s'élève, on s'indigne : « Facho »,

Il s'en faudrait de peu qu'on dresse l'échafaud !

Le système scolaire est fabrique de crétins,

Qui s'offusquent de tout, qui condamnent Tintin,

Et la radio publique idolâtre Macron,

Nouveau roi je veux bien, mais alors roi des cons :

Les Français ont le chef qui leur convient si bien

Qu'ils le reconduiront lors du prochain scrutin.

Ils ne jurent que par leur saint pouvoir d'achat,

Et se fichent pas mal du changement de climat,

Du sort de leurs enfants, qu'ils ont abandonnés

Aux réseaux dits sociaux, et aux séries tévé...

La décadence en marche a un bel avenir,

Fatale évolution qui ne peut que finir

En comi-tragédie : c'est stupide et risible,

Mais au bout c'est la fin, absurde et prévisible.

Je sais que le monde est une branloire pérenne,

Que la vie est un perpétuel mouvement,

Qu'il faut pédaler pour ne chuter lourdement,

Que le changement est dans la nature humaine.

Oui, je sais tout cela : vient toujours la prochaine

Échéance, on avance, on avance inconstant,

Non, rien n'est établi définitivement,

Ne durera nulle vérité qu'on assène.

Mais celle d'aujourd'hui, vaut-elle mieux que celle

D'hier ? L'humanité de cette période actuelle

Est plus démente encor que celles du passé.

Et cela s'appuie sur deux objectives raisons :

Quand on oublie l'Histoire, on n'en a de leçon ;

On veut son confort, quand la Terre est en danger.

Pendant que décline le monde,

À commencer par l'Occident,

Désespérément décadent,

Avant que les mers nous inondent...

Je savoure chaque seconde,

Don du Ciel, Providence aidant,

Depuis l'heureux Amour ardent,

Jusqu'aux œufs que mes poules pondent.

S'il pleut, tant mieux pour le jardin,

S'il fait froid, chaleur au Godin...

L'on peut passer son temps à geindre,

À se dire victime opprimée,

Et l'indignation mimer, ...

Mieux vaut la liesse à la vie joindre !

Ainsi, les chefs-tyrans, auraient tous les pouvoirs :

Insulter, humilier, diffamer, harceler,

Diviser pour régner, régner pour diviser,

Bouc-émissariser, ... ce serait leur devoir ?

Et il faudrait accepter, sans faire d'histoires,

D'injustes décisions, seulement motivées

Par leur méchanceté, par leur orgueil chatouillé ?

Je ne me tairai, victime expiatoire...

« Mais si vous le devez, vous êtes fonctionnaire :

Devoir de réserve, donc vous devez vous taire. »

Ah ? J'en suis désolé, mais je ne plierai pas,

Si vous vous réfugiez derrière votre formule,

Moi je refuse que la vérité recule,

La faire connaître est mon devoir et mon droit.