Hidalgo, Bénichou, Patrick D. ... Qui d'autre ?

Ces visages, ces voix, qui furent nôtres,

Animateurs de notre quotidien...

S'était tissé entre eux et nous un lien,

Fausse familiarité confortable...

Des décennies nous les pensions durables,

C'est une part de notre vie qui va,

Et qui nous rend triste et toujours plus las.

Notre monde s'écroule par miettes,

Chaque fois que s'éteint une vedette.

Parler de ces personnes au passé

Est une cruelle nécessité.

Quelles sont les vieilles encore en vie,

Qui partiront demain ou vendredi ?

Les actus deviennent une nécro,

Adieu Patrick D., Bénichou, Hidalgo.

Une question s'envisage :

Pouvons-nous nous embrasser ;

Au sens de faire un baiser,

Un masque sur le visage ?

Autre question au passage :

Pouvons-nous nous caresser

Dans nos nues intimités

Dans des gants les doigts en cage ?

Quant à la pénétration,

- Pardon pour l'évocation -

Certains ont pris l'habitude,

Sans le coronavirus,

De faire le coïtus

Couverts, pour la quiétude...

Et dire que je ne verrai pas mon assassin, ou que je l'aurai croisé, sans savoir que c'était lui. Celui ou celle qui a pris le caddie avant moi, qui a ouvert ce compartiment de charcuterie, qui a touché ce paquet de pâtes dont je me saisis (j'ai remis ceux qui ne m'inspiraient pas, j'en ai déplacé une dizaine, avant d'aller chercher celui qui était le plus au fond). Et dire que je ne connaîtrai jamais mes victimes. Mais ce n'est pas ma faute à moi, si l'on ne m'avait pas infecté, je ne vous aurais pas infectés.

"Docteur, est-ce que je vais mourir?

- Oui."

Mesdames Messieurs bonsoir

• Aujourd'hui 373, 4 morts. Dans un souci de toujours mieux vous informer, nous avons décidé de vous donner la décimale, tenant compte des états des agonisants, tels qu'ils nous reviennent de nos correspondants, et des points presse de M.Salomon, dont tout le monde apprécie le jugement.

• Comme nos équipes nationales de foute ne peuvent plus s'affronter sur le terrain, nous remplacerons ces compétitions par une course haletante à la mortalité. J'en perds moi-même ma respiration. À ce jour, l'Italie est passée devant la Chine, mais notre France fait efforts pour rattraper son retard, au coude à coude avec l'Espagne, mais la Chine, qui semblait s'essouffler, n'a pas dit son dernier mot, les États-Unis, partis avec une longueur de retard, s'époumonent et nous talonnent...

• Regardez cette carte très éclairante : plus il y a de morts, moins il y a de pollution. Bonne nouvelle : nous ne mourrons pas des gaz toxiques.

• Édouard Philippe vient de faire une déclaration : « Nous excluons de nos statistiques, ceux qui ont dépassé 80. C'est pourquoi je tenais tant à ce que nous passions de 90 à 80. »

• Nous interrogeons notre 48e infectiologue : « Allez-vous devoir trier vos patients ? » Réponse : « Mais, nous l'avons toujours fait ! »

   

Critère de sélection : l'âge, ou le comportement ? Entre un jeune des « quartiers difficiles », autre nom des endroits où l'anarchie est tolérée, où les consignes ne sont pas respectées, avec l'acceptation tacite des autorités, et une grand-mère exemplaire, aimée de ses enfants, petits-enfants, et de ses voisins, dévouée pour sa commune et sa paroisse, va-t-on choisir l'inconscient coupable, parce qu'il est jeune ?

Autres questions sur l'actu alitée :

A-t-on réquisitionné Conforma, et France-Literie, qui ne manquent pas de lits.

A-t-on réquisitionné Dyson pour fabriquer des respirateurs ?

Devraient nous aider les journalistes, et les politiques : ils ne manquent pas d'air !