• Suffixes à la mode : on met « phobe » derrière

    N'importe quoi pour faire de vous l'adversaire :

    Gros, homo, islamo, catégorisation

    Qui rime aisément avec victimisation.

     

    Je vous propose aussi dans la même manie

    Le renouvellement de « -cide », plein de vie,

    Car quand on tue, on le fait selon le critère

    De l'appartenance, évidence élémentaire !

    Ainsi l'on tue des A, l'on commet un acide,

    Quand on casse des plats, l'on commet un placide.

    Et qui tue Luce se révèle être lucide.


  • Encor eût-il fallu que ton tonton tâtât

    Ta tétine avant tout ; taciturne, il l'ôta.


  • Du coup en fait voilà, on les entend beaucoup

    Ces bouche-trous en fait, voilà, c'est dit du coup.


  • Si j'écris par exemple : « Les lecteurs de Salammbô, ou de Flaubert, ou de Sand, ou de Lélia... », est-ce que les femmes qui entendent cette phrase ne se sentiront pas concernées, ou pire, exclues, parce que je n'ai pas dit ou écrit « Les lecteurs et les lectrices... » ?

    Ce matin, sur France-Culture, une chroniqueuse scientifique a commencé sa phrase, à propos d'une découverte : « Les chercheurs et les chercheuses... », comme si « Les chercheurs » ne suffisait pas. Quand on dit « Les chercheurs », on met en avant une activité professionnelle, non l'appartenance sexuée des persons ou des personnes qui s'y livrent.

    Définissons « Lecteur » : « Lecteur : individu (ou personne) qui lit », donc il est possible que dans l'ensemble des personnes (ou individus) des « lecteurs », il y ait des femmes ; « lecteur » a alors un sens neutre, et ne se réduit pas aux lecteurs mâles.

    Faut-il dire « Les scientifiques et les scientifiques » ?

    Pourquoi se croire obligé de dire : « Bonjour à tous et à toutes », « celles et ceux », « les professeurs et les professeures », une femme pouvant être « professeur » aussi bien qu'un homme !

    Cette obsession anti-grammaticale de la féminisation systématique est le résultat d'une campagne médiatique aussi ridicule qu'efficace, pour complaire à une infime minorité de féministes idéologues, ou incultes (le cumul est fréquent).

    Que donnerait un poème revu et corrigé de cette manière ? Prenons l'exemple d'une pièce des Châtiments (livre IV, 9)

    « Ceux et celles qui vivent, ce sont ceux et celles qui luttent ; ce sont

    Ceux et celles dont un dessein ferme emplit l'âme et le front,

    Ceux et celles qui d'un haut destin gravissent l'âpre cime,

    Ceux et celles qui marchent pensifs et pensives, épris et éprises d'un but sublime.

    [...]

    C'est le travailleur et la travailleuse, pâtre, pâtresse, ouvrier, ouvrière, patriarche, matriarche,

    Ceux et celles dont le cœur est bon, ceux et celles dont les jours, les journées sont pleins et pleines,

    Ceux-là et celles-là, Seigneur, et Sainte Marie, les autres et les autres, je les et les plains.

    [...]


  • Si ce monde devait durer encor longtemps,

    J'imagine la joie des terriens et terriennes,

    Quand on délivrera la terre des éoliennes.

    Ils auront en effet raison d'être contents.

     

    Ils s'interrogeront : « Mais comment, mais comment

    A-t-on pu tolérer des machines vilaines ?

    Dans quel cerveau malade et digne de la haine

    Est née l'idée d'un machin aussi dégoûtant ?

     

    Ce sacrifice laid pour quelques kilowatts,

    Idée probablement de quelque technocrate,

    Encouragée par un écologisme fou

     

    (Car certains écolos n'aiment pas la nature,

    Et conduisent l'aversion de tout hydrocarbure

    À préférer bien pire en optant pour ces roues).