La colombe, l'araignyène et le chêne

Dans la série "A la manière de...", une fable puisée à la source de La Fontaine, et de ma vie...

 

Une colombe fragile désorientée était en quête

D'un accueil heureux pour reposer sa fatigue.

Dans un élan d'aile elle arrête

Son vol las sur la branche d'un chêne prodigue

En conseils avisés et en écoute honnête.

Le chêne aimait le volatile,

Souhaitait lui être utile .

Il avait remarqué la grâce colombine

Depuis longtemps, mais tel à la lune Pierrot,

Il connaissait en elle ce point haut

Hors d'atteinte pour sa race arborine.

Il osa cependant à elle s' offrir, tout

Chêne qu'il était. « Je suis amoureux de vous »

Avoua-t-il tout de go. Me taire me pèse. »

Elle en fut fort aise.

Ils firent des projets,

Se promirent secret :

Un feuillu, et une oiselle comme elle…

Que dirait la société de préjugés ?

Le chêne se sentit pousser des ailes,

Mais il ignorait que rodait, jaloux,

Un vilain animal, empli de méchanceté,

Pire que loup-garou,

Qui ne supportait qu'échappât

A son croc et à son venin acide

Toute créature tendre. Elle fit l'appât,

Étendit sa toile et son piège amouricide.

« Comment, à l'oiseau bava l'araignyène,

- Tel était le nom de cet animal de haine-

Mais ce chêne est indigne de confiance !

Tu es de mon appartenance.

Il se dit ton ami,

Que t'a-t-il donc promis ? »

La bête qui parlait ainsi, vengeresse,

N'avait jamais supporté

Du chêne la supériorité.

Elle flattait la jeunesse

Qui aime qu'on la caresse.

Quant à l'enraciné, plein de pureté,

Pensait que pouvait s'inventer

Une belle histoire, aimant tendrement.

L'araignyène, ainsi qu'elle respire, ment,

Son venimeux discours répand,

Fit croire à tous que l'arbre était pourri.

On la croit, on le honnit, le bannit.

 

L'arbre en conçut maladie,

Mais ne voulut devenir abattu.

Même si la colombe lui fut ravie,

Jamais il ne lui en voulut.

 

A celle qui ment

Malheureusement

Vont les applaudissements.