• L'extermination des tyrans (Nabokov)

    Encore un livre que j’avais lu il y a bien longtemps et dont il ne m'était rien resté. Quand j'ai passé en revue les livres de ma bibliothèque, son titre m'a tiré l’œil, probablement parce qu'il répond à un vœu personnel et circonstancié. C'est aussi celui de la première nouvelle de ce recueil qui en compte treize. Elles sont étranges, parfois proches de celles de Tchekhov, quand elles semblent ne mener à rien, ou dans une autre mesure quand elles ressemblent à celles de Kafka .

    « comme son pouvoir grandissait, je commençais de prendre conscience que les règles prescrites, les exhortations, les interdictions, toutes les formes de pression exercées sur les citoyens reflétaient de plus en plus fidèlement certains traits de son caractère, si bien qu'en se fondant sur ces lois et décrets il était possible de reconstruire sa personnalité, comme on imaginerait une pieuvre par ses tentacules... »

    On ne saurait mieux dire !

    Un peu plus loin :

    « Mais, qu'on le veuille ou non, il impressionnait par sa médiocrité comme d'autres par leur talent. »

    Idem...

    « Il faisait allusion à de mystérieux ennemis, polémiquait à loisir contre quelque poétaillon dont il avait découvert les vers dans un almanach... »

    Euh...

    « Il n'y a rien en moi du héros au cœur civique qui meurt pour son peuple. Je ne péris que pour moi-même, au nom de mes propres conceptions du bien et de la vérité – le bien et la vérité qui sont aujourd'hui déformés, violés, à l'intérieur et à l'extérieur de moi ; et s'ils sont aussi précieux pour quelqu'un d'autre, tant mieux ! Sinon, s'il faut à ma patrie des hommes d'un caractère différent du mien, j'accepte volontiers mon inutilité, mais n'en remplirai pas moins ma tâche. »

    Certaines nuances seraient à apporter ici...

    « À relire ma chronique, je m'aperçois qu'à force de vouloir dépeindre un être terrifiant, je ne suis parvenu qu'à le rendre ridicule. »