• Choisir la bonne personne & Le Château... fort!

    Je replace ici mes notes de lecture à propos du Château de Kafka.

     Choisir la bonne personne

    Par Hixache dans Journal le 28 Mars 2016 à 12:05

    Lors de ma lecture du Château, j'apprends par une note en bas de page (84, Livre de Poche) que Kafka avait commencé son récit à la première personne, puis qu'il a opté pour la troisième. Ce choix a des implications certaines quant à l'effet d'étrangeté ainsi produit. Contrairement à Mauriac par exemple, qui use de l'omniscience à géométrie variable, et entre dans les consciences de ses personnages de manière très souple et apparemment aléatoire, Kafka garde la focalisation interne et fait vivre les scènes à partir du regard de K. très majoritairement. On peut trouver quelques entorses à cette technique bien entendu. Je pense à Proust, qui, lui, a préféré la première personne à la troisième, ou à Camus qui a également connu une telle hésitation dans l'écriture du Premier Hommemais il est vrai qu'à l'instar de Jean Santeuil, cet ouvrage est inachevé, et appartient plus à l'atelier de l'écrivain, qu'à l’œuvre définitive.

    Je suis parvenu au milieu de ma lecture du Château, et, tout en lisant, je m'interrogeais sur ce qui pousse le lecteur à avancer malgré tout dans le dédale d'une conscience torturée (autre parallèle possible avec Proust). 

    J'y reviendrai.

    Le Château... fort!

    Par Hixache dans Journal le 30 Mars 2016 à 10:17

    Suite de ma lecture du Château de Kafka

    Encore une œuvre inachevée, qui se clôt sur une phrase en cours. Le plus frappant à mon avis est la part énorme réservée aux dialogues, et à l'intérieur des dialogues aux tirades de plusieurs pages, peu d'interruptions, peu d'indications sur les airs, les tons. La volonté des personnages de creuser, d'expliquer, ou d'avouer leurs incompréhensions, leurs gestes ou faits passés, leurs interprétations des faits et des actions. Et comme plusieurs personnages ayant l'occasion de se côtoyer ont droit à ces longs discours directs, ils illustrent le fait que les relations humaines sont éminemment complexes, tant la propension est grande notamment à interpréter des paroles, des faits, sans commune mesure avec les intentions de celui qui les a commis. Voir en particulier, dans les dernières pages, le dialogue entre K. et Olga, qui par exemple porte un regard inattendu sur Frieda, qui ne nous était connue jusqu'alors que sous les yeux et la pensée de K.  

    Je suis frappé par le côté minutieux de l'analyse psychologique que Kafka prête à ses personnages, le mouvement de creusement, de découverte des zones obscures de la psyché, et une sorte d'invitation adressée au lecteur de se forger un avis, ou de transposer à sa propre existence ces regards sur les personnalités, la nôtre et celles des autres avec qui la vie nous oblige à vivre.

    Ceux qui vous jugent sans savoir, à partir d'affirmations erronées...