• Au château d'Argol (Gracq)

    Avant de proposer quelques réflexions sur Notre-Dame de Paris dans les jours qui viennent, d'autres lectures enrichissent mon monde référentiel. Je lirai d'autre romans ou textes de Gracq (grand fournisseur de beaux sujets de dissertation), pour voir si les impressions que ce court roman m'a laissées trouveront confirmation.

    Trop de mots en italiques, trop de subjonctifs imparfaits, trop d'adjectifs, trop de tirets. Poétisation de la prose trop apprêtée, issue apparemment d'un volontarisme coupable. Trop de proustisme, de phrases artificiellement gonflées. Efforts de celui qui veut faire littéraire, mais dont les choix paraissent arbitraires. Le bretonnisme de Chateaubriand n'est pas absent des pages descriptives, l'on pense aussi au côté lugubre et médiévalisant de Scott, Poe, ou Bertrand. On ne s'attache pas au trio Albert, Heide, Herminien, autour desquels le narrateur laisse un halo mystérieux.

    La langue est belle, une atmosphère est créée, c'est soigneux, classieux, mais lointain ; on peut se laisser envoûter.

    Un exemple particulier tout à fait représentatif – que je livre à votre sagacité, puisqu'il m'a toujours été recommandé que j'en plaçasse afin de ne pas laisser dans d'abstraites nébulosités la justesse sidérante d'observations lucidement justes et trahissant une exigence souveraine :(p.31) « Par les détours d'une conversation agile – à laquelle la présence de Heide prêtait un périlleux attrait, ils n'eurent, malgré toutes les apparences, d'autre but que d'effectuer une mutuelle reconnaissance, de reconstituer et de se faire toucher l'un à l'autre avec un plaisir aigu la ligne de démarcation infiniment sinueuse que le choc de ces deux êtres, tant de fois renouvelé, avait fixé dès longtemps dans l'espace idéal où ils se réfugiaient. » : des inutilités (adjectifs, adverbes, tiret (où est le deuxième?), italiques.