• Thanatos est rosse (La mort, l'âme, l'Amour)

    À chaque fois que j'assiste à des funérailles

    Une pensée vient : c'est donc là qu'il faut qu'on aille…

    Tous ces encore vivants pour pas très longtemps,

    Ces têtes blanches, grises, et même ces enfants,

    Auront leur tour et seront aussi cadavres.

    La dernière heure tue, mais la moindre heure navre.

    Dans chaque cimetière des morts qui ont eu

    Leur vie, leur chair, êtres vivants, ils ont vécu…

    La conscience s'est éteinte, le corps dissous,

    Ils étaient dessus, et RIP, les voilà dessous.

    Mais ce ne sont que restes, que traces ultimes

    Qui se décomposent, se dégradent, s'abîment,

    Pourrissement charnel et fin définitive

    Pour ce corps, compagnon de nos jours de dérive.

    Machine échappant à son maître ou sa maîtresse ;

    Je pense à ces femmes vieillissantes, détresse

    Des rides, des taches, des muscles amollis,

    Elles qui soignaient leur apparence à tout prix,

    Elles se croyaient belles, … stérile moisson :

    Promesses publicitaires sans guérison.

    Petits achèvements avant l'achèvement,

    Tant de soins perdus, sans fard en fosse on descend.

    Quant à l'âme, qu'en est-il ? Est-elle en exil ?

    Vague impression qu'en nous, diffus, confus, subtil,

    Circule une indéfinissable, immatérielle

    Substance communiant avec plus grand qu'elle,

    De l'infini dans le fini, tel un élan,

    Comme un signe, un appel venu du firmament.

    J'aimai, je fus aimé, il n'est rien de plus fort,

    Rien de plus éloigné de l'idée que la mort

    Devrait être un anéantissement fatal.

    Il est un lieu sans espace, un temps anormal

    Où s'unissent idéalement les amants

    Qui ont connu sur terre de si beaux moments.