• Mockett de Belloy

    Pas grand-chose à dire de Molloy. Exemple de l'extension du domaine du roman. Disparition, ou ténuité de l'intrigue. Que du dévidage d'une conscience inventée par l'auteur, manifestement frère en inquiétude de ses personnages. Grande proximité avec ses pièces, même univers : hommes diminués, préoccupés autant par des questions matérielles qu'existentielles. Misères physiques, morales, spirituelles. Quêtes vaines, contraintes de corps. Relations souvent conflictuelles avec soi, avec l'autre, avec les objets, gênes, obstacles, sources d'agressions. Pas de résolution, pas de solution (qui dénoue ment). Soumission nécessaire au désordre des choses. Vœux inaccomplis. Voyage en déceptie. Style du refus de style, un ton plutôt. Comment être et ne pas être dans le mal-être. Comment dire ce qui ne peut pas se dire. Même les mots et les phrases sont traîtres : paraître être = parais traître. Un enquêteur recherche Molloy, comme un lecteur, comme un auteur, comme tout un chacun qui n'atteindra pas son but, mais se l'est donné pour justifier d'un sens à son existence morne et dénuée de signification, où tout est important puisque rien ne l'est. Molloy comme Godot. On y pense parfois, parce que c'est le rocher auquel on s'agrippe pour n'être pas emporté par la banalité du courant ordinaire. Beckettien en diable.