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L'arrêt compense
Le régime démocratique
Est forcément antithétique
Du génie et de la beauté :
Vautré dans la médiocrité
De satisfaction immédiate
De la foule bête et béate,
Il flatte les pires instincts
Prenant chacun pour un crétin.
Il est par conséquent flatteur
De voir inconnue ma valeur ;
Je ne veux donc qu'on m'applaudisse
À l'aide de mains qui salissent.
Encore faudrait-il qu'on me lût,
De mes vers qu'on fût à l'affût...
J'écris vainement dans le vide,
Connais le même exil qu'Ovide
Quand il fut au milieu des Parthes.
Mais il n'est nul besoin que je parte
Pour ressentir l'émoi cruel
D'être seul sensé sous le ciel.
Heureusement la Providence
Veillait à ma rude malchance :
Elle plaça sur mon chemin
- ô généreux don du destin -
Une fée vraie, une sœur-âme,
Sous les traits d'une belle dame
Qui me comprit, qui me comprend,
Qui donne à ma vie de l'élan.
Ma Muse, mon amie aimée,
Ma divinité incarnée.
C'est dans l'asile de ses bras
Que je puis être vraiment moi.
Elle est une heureuse présence,
Une sublime récompense...
Mais les mots sont insuffisants
Quand sublimes sont les moments.