• En ces jours de la profanation

    De l'Amour, suave émotion,

    Devenu prétexte à l'achat, 

    Moi, son adorateur, je pense à...

     

    Ceux qui furent abandonnés,

    Qui ont de l'amour à donner ;

    Ceux qui reçurent des promesses,

    Qui restent avec leurs caresses;

    Ceux qui aimèrent dans le vide,

    Qui en gardent les yeux humides ;

    Ceux qui ne voient plus comme amie

    Que la cruelle nostalgie,

    La silencieuse solitude,

    Les ennuyeuses habitudes ;

    Ceux qui renoncent pour toujours

    À aimer, être aimé un jour ;

    Leur cœur blessé a trop souffert,

    Il ne connaît plus que l'hiver.

    Ils s'exclament souvent « pourquoi »,

    Pourquoi n'es-tu pas avec moi ?

    Ils soupirent souvent « pourtant »,

    Pourtant nous serions bien amants !

    Leurs cris sont vains contre le sort,

    On ne ressuscite pas les morts.

    Insulter la Saint-valentin

    Ne change rien à leur destin.

    Ils ne veulent pas oublier.

    Ils ne veulent pas espérer.

    Ils sont atteints de la névrose

    Se noyant dans leurs rêves roses...


  • A-t-on le droit d'échapper aux laideurs du monde ?

    Quel refuge écarté ? Quel asile éloigné ?

    On m'impose des choses viles et immondes,

    Que je n'ai demandées.Où est ma liberté ?

     

    Décadences de toutes sortes, dictatures

    Consenties, acceptées, c'est la loi du plus con.

    L'esprit humain est en pleine déconfiture :

    « Homme, dit Dieu, qu'as-tu fait de tes sacrés dons ? »

     

    Un jardin décoré d'élégants végétaux ;

    Bêcher, cultiver, semer, regarder la pousse

    Des graines et des plants en passant le râteau ;

    Aimer tout, des oiseaux jusqu'à la moindre mousse.

     

    Contempler là-haut les jolis jeux nuageux,

    Sentir la saine fatigue en fin de journée,

    Se dire que la simplicité rend heureux,

    Vers la présente beauté la tête tournée.


  • Je me sens si terne quand je suis plein de vide.

    Je crée cependant un mot : de même qu' « avide »

    Fait « avidité », j'enfante donc « ternité »,

    Espérant renaître alors de ma ternité.

     

    Dans le même ordre d'invention, que fait « Ève »

    Quand on l'accompagne du suffixe « -ité »

    Pour lui donner un sens de généralité ?

    Ève fait « évité », synonyme de rêve,

     

    Quand l'homme se laisse séduire par la femme

    Tellement ébloui qu'il ne sait éviter

    Nouvel Adam naïf, la trompeuse évité

    Qui le fait choir dans les passionnelles flammes.

     

    Se croyant félice, capace de toucher

    Le paradis promis, mais il n'était que cèce,

    Victime du destin, cruel voire nécesse

    Qu'a l'âme, dérivé du mot « calamité ».


  • J'aime les lais, les beaux lais - il n'est pas de lais laids -, je roucoule les lais, je lis là les lais vite, j'aime la fraîcheur du lai, ce qui fait l'attrait du lai, c'est que Marie tire du pis le meilleur, du pis à lai, sans veau lai dans le ciel et toi lai, par lais et par veaux. Le lai se laisse lire, une fois lu, le lai se loue. Contrairement à son frère de lé, le lai ne se mesure ni ne secoue. J'aime le lai entier, pas écrémé. Ce qu'a fait au lai Marie, c'est l'ailer, c'est l'élever, c'est l'oral qui passe à lai-cri.


  • La peau aime

    La poésie

    L'appeau et l'appel

    Du premier du moi

    C'est mon jeu

    Mâle dans ma peau

    De poète roi à l'étroit

    Strict au sang su

    Circule interdit

    Glas glacé des glouglous

    Angoissé des décédés

    La mort murmure

    Tumeur tout meurt

    La vie t'alitait

    À l'état latent

    En l'attente

    Du néant trompette

    Du temps bourré

    Des baguettes

    Qui t'ont mené

    Au rythme et freiné

    Trop tard