• Les signes incertains, sujets à décodage,

    Me font hésiter quant à leur discret message.


  • Vœux vains, vie vide, veuvage vécu...

    Que vaut la volonté, ce qu'elle a pu...?


  • Littérairement, ça ne casse pas trois pattes à un canard. Stylistiquement, c'est tenu, c'est classique. En majorité des dialogues. Les chapitres sont courts. La chronologie est respectée. Il y a ce qu'il faut de personnages, aux personnalités variées. Choix narratif qui consiste à focaliser les informations à la hauteur d'un fils qui voir agir son père. Cela conduit à quelques invraisemblances, il reste au lecteur à supposer que les scènes ou dialogues auxquels il n'a pas assisté lui aient été rapportées. Mais je me sens obligé d'admirer ces pages : Camus préfacier en dit le plus grand bien : il souligne que la voix qui s'exprime, celle de personnage, qui est celle de l'auteur, est effectivement issue du peuple, garantie d'authenticité (ce qui pour moi n'est pas gage de qualité littéraire, mais Camus sait de quoi il parle!). Politiquement, c'est la gauche ouvrière, qui s'en prend à ses exploiteurs parce qu'elle est maltraitée, menacée de misère et de chômage. Guilloux ne fait l'impasse sur les dissensions internes. Mais quand il s'agit d'ériger la Maison du Peuple, c'est joie et fraternité.

    Un passage, pour lier à une actualité dont les médias ont été friandes ces derniers mois :

    « - Ce sont des affiches et des tracts que j'ai reçus du Parti. Il faudra que les camarades se dévouent pour répandre tout ça en ville. C'est contre la vie chère, contre la loi de trois ans et les armements. Il est grand temps de faire quelque chose, Pierre. Qu'est-ce qu'ils cherchent ? Regarde un peu leurs retraites... »


  • Pas grand-chose à dire de Molloy. Exemple de l'extension du domaine du roman. Disparition, ou ténuité de l'intrigue. Que du dévidage d'une conscience inventée par l'auteur, manifestement frère en inquiétude de ses personnages. Grande proximité avec ses pièces, même univers : hommes diminués, préoccupés autant par des questions matérielles qu'existentielles. Misères physiques, morales, spirituelles. Quêtes vaines, contraintes de corps. Relations souvent conflictuelles avec soi, avec l'autre, avec les objets, gênes, obstacles, sources d'agressions. Pas de résolution, pas de solution (qui dénoue ment). Soumission nécessaire au désordre des choses. Vœux inaccomplis. Voyage en déceptie. Style du refus de style, un ton plutôt. Comment être et ne pas être dans le mal-être. Comment dire ce qui ne peut pas se dire. Même les mots et les phrases sont traîtres : paraître être = parais traître. Un enquêteur recherche Molloy, comme un lecteur, comme un auteur, comme tout un chacun qui n'atteindra pas son but, mais se l'est donné pour justifier d'un sens à son existence morne et dénuée de signification, où tout est important puisque rien ne l'est. Molloy comme Godot. On y pense parfois, parce que c'est le rocher auquel on s'agrippe pour n'être pas emporté par la banalité du courant ordinaire. Beckettien en diable.


  • Je n'attends pas... - Menteur! - Je n'espère pas, dis-je...

    - Tout aussi faux! - Bon, j'avoue, je crois au prodige...